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jeudi 24 novembre 2011

Compte-rendu de la conférence QU'EST-CE QUE L'HISTOIRE ORALE?



Rédaction : Marion Beaulieu, coordonnatrice des activités du Réseau Histoire.
Prise de notes : Élyse Bourassa-Girard, Josiane Brochu et Jimmy Guilleminot.

C’est avec grand plaisir que le Réseau Histoire de l’UQAM a présenté la conférence Qu’est-ce que l’histoire orale ? le mardi 22 novembre 2011. Pour la cinquantaine de convives réunis, ce fut l’occasion d’entendre trois exposés dont voici un rapport.


Une présentation générale de l’histoire orale
Yolande Cohen
Professeure, département d’histoire, UQAM
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C’est Mme. Yolande Cohen qui a entamé la conférence en présentant l’histoire orale et en développant la diversité et l’intérêt de la méthode

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L’ESSOR DE L’HISTOIRE ORALE
Au delà d’une simple technique de collecte de données, l’histoire orale est une approche, un mode de vie, une perception de la réalité. Si l’histoire orale est séculairement pratiquée dans de nombreuses sociétés, la discipline historique occidentale contemporaine a de plus en plus recours à cette technique, et ce , depuis les décennies 1960 et 1970. Depuis, la critique la plus fréquente en son endroit réside dans le manque de crédibilité dont elle souffre, notamment en regard du concept d’objectivité. À cela répondent les défenseur(e)s de l’histoire orale qu’il convient, en toute orthodoxie historienne, de croiser les sources pour remédier à cette faiblesse certes potentielle, mais non exclusive à l’histoire orale.

DE NOUVEAUX CHAMPS DE RECHERCHE
L’essor de l’histoire orale coincide avec l’arrivée et le développement de nouveaux champs de recherches historiques qui ont recours à des sources traditionnellement confinées à la sphère privée et/ou insondées : pauvres, femmes, exclus, marginaux, vagabonds, etc.. Au sein de ces champs de recherche historiques émergents, l’histoire orale opére un changement épistémologique majeur. Il s’agit, pour Michel Foucault notamment, de questionner l’ensemble des strates d’une histoire ; des sources officielles jusqu’aux journaux intimes.

UN CHANGEMENT DE PARADIGME
Les conséquences d’une telle méthodologie est inaliénable à celles d’un changement de paradigme. En effet, pour les acteurs de l’histoire narrée, cela implique le passage d’une condition d’objets historiques à celle de sujets. Cette subjectivité permet dès lors aux individus de devenir des agents actifs de leur histoire.

UNE HISTOIRE MILITANTE
L’histoire orale, en ce qu’elle implique de subjectivité, accompagne une histoire engagée. Elle permet d’aborder la perceptions des acteur(trice)s sur les actions qu’ils mènent eux-mêmes. La transmission directe du savoir qui échappe à la mise en forme écrite d’un récit s’exerce alors à travers un lien entre informateur(trice)s et chercheur(e)s, qui transmet une connaissance parfois inaccessible par l’écriture.



Une identité professionnelle de l’histoire orale
Eve-Lyne Cayouette Ashby
Coordonnatrice Histoire de vies Montréal
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IDENTITES PROFESSIONNELLES PLURIELLES
Dans un premier temps, Mme Eve-Lyne Cayouette Asbhy s’est exercée à mettre en lumière de pertinents et nombreux liens entre la méthode historique de l’histoire orale et ses applications en milieu professionnel. Diplômée d’un baccalauréat en anthropologie et d’une maîtrise en muséologie, Mme. Cayouette Asbhy entrevoit une panoplie de domaines d’emploi pour des individus formés en histoire orale.

Plus couramment développée dans le milieu académique anglo-saxon, l’histoire orale fait d’une part appel à diverses facettes du travail historique dont la recherche, l’entrevue, la traduction, la transcription, l’entrée de données. La mise en œuvre de projets d’histoire orale implique par ailleurs des emplois de vidéographes, d’archivistes, et de chargé(e)s de projet, notamment en milieu muséal, où, de façon générale Mme. Cayouette observe la tendance nette vers l’usage de l’histoire orale.

Enfin, il convient de souligner l’utilisation de l’histoire orale au sein de démarches artistiques documentaristes, cinématographiques et théâtrales.

HISTOIRES DE VIES MONTREAL
Eve-Lyne Cayouette coordonne le projet Histoire de vies Montréal qui réunit une quarantaine de chercheur(e)s, académiques et communautaires et dont l’objectif est de recueillir les témoignages de 500 montréalais(es) déplacé(e)s par la guerre, le génocide et autres violations aux droits de la personne.

UNE SUBJECTIVITE ASSUMEE
Considérant que l’histoire orale implique de rendre une subjectivité, Histoires de vies Montréal forme des personnes non professionnelles issues des commmunautés sollicitées, qui réalisent des entrevues qui donnent lieu à des récits d’individus ayant vécu des violences de masse d’une certaine façon, à un certain moment.

UNE VALIDITE HISTORIQUE
Enfin, Eve-Lyne Cayouette souligne que la richesse des témoignages de l’histoire orale s’exprime dans l’importance des vérités comme des mensonges, des silences comme des détails. En cela, l’histoire orale n’est pas désincarnée d’une prétendue «vérité historique».


Une application de l’histoire orale en milieu scolaire
Annie Girard
Enseignante, École secondaire internationale de Montréal
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«REGARD SUR LE CHILI, CONFRONTER LE PASSE»

Enfin, Annie Girard, enseignante au secondaire en histoire contemporaine a présenté le projet «Regard sur le Chili, confronter le passé». Entièrement réalisée par Mme. Girard et ses élèves, l’entreprise historique a donné naissance à une exposition et à un film documentaire de 29 minutes sur le Chili et Augusto Pinochet. Le projet originellement initié par deux anciens élèves de Mme. Girard a nécessité la formation d’une quarantaine d’étudiant(e)s à la technique d’entrevue puisque ce sont les élèves qui se sont chargés des archives, de la transcription, des textes, de la narration, du montage.

DES RETOMBEES
Cette aventure basée sur l’histoire orale a permis de tisser des liens personnels entre les étudiants et les trois montréalais(es) d’origine chilienne interviewé(e)s. Pour la classe d’Annie Girard, ce fut aussi l’occasion de se constituer en véritable équipe. Enfin, au-delà de la chaleureuse réception de l’exposition et du documentaire, le projet tout comme l’histoire orale, a permis de donner un sens aux livres et aux leçons d’histoire, tel qu’en témoigne un étudiant participant : «On a compris ce que c’est l’histoire»

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